Lundi 01/04 : Les arguments fallacieux (suite)

L’appel à la popularité : Laisse entendre que quelque chose est vraie parce que plein de gens y croient.

Ex : Des centaines de personnes disent avoir vu des aliens, donc il doit bien y en avoir quelques-unes qui ont raison, donc les aliens existent et sont déjà venus sur terre !

Ex : Si autant de monde utilisent l’homéopathie, c’est bien que ça marche !

Ex : On se lève tous pour Danette.

Ex : Dans les pubs quand ils disent que beaucoup de personnes utilisent le produit. Et si ces personnes-là se sont fait avoir par le même argument ?

A une époque, beaucoup de gens pensaient que la terre était le centre de l’univers.

L’appel à l’exotisme : Laisse entendre que l’argument est bon parce qu’il vient d’une tribu reculée.

Ex : Boire un verre d’urine tous les matins lutte contre la chute des cheveux. En plus c’est naturel !

Ex : Il est plus impressionnant de voir un fakir marcher dans des cendres qu’un occidental. Pourtant, tout le monde peut le faire.

L’appel à la nature : Laisse entendre que quelque chose est bon quand c’est naturel.

Ex : L’homéopathie joue là-dessus.

De plus la distinction naturel/chimique n’a pas vraiment de sens, mais même si elle en avait, l’argument resterait invalide.

Ex : Le fluor des dentifrices est chimique (car il n’y en a pas dans la nature), donc c’est nocif.

Tous les produits sont chimiques car ils contiennent des atomes. De plus, ils appartiennent tous à la nature, à la réalité.

L’appel à tradition : Laisse entendre que quelque chose est vraie quand ça vient de savoir-faire ancien.

Ex : La saignée en médecine, l’amiante dans les isolations.

Ex : Dans la pub : Depuis 1776.

Chiffon rouge (n°29)

Parler d’autre chose en faisant comme si ce dont on parle est relié à la question et qu’il s’agit d’un contre argument.

Quand notre adversaire agite le chiffon on peut le pousser à bout (n°27) (Continuer à utiliser un argument qui met en colère notre adversaire) voire provoquer sa colère (n°8)

L’inversion de la charge de la preuve

Ex : Les aliens existent. Il y a même des tas de témoignages et plein de photos inexpliquées. Tu peux prouver qu’ils n’existent pas ? Non ? Ben j’ai raison !

C’est à celui annonce un fait de le prouver, pas l’inverse.

Proverbe zététique : Qui dit prouve.

Cacher son jeu (n°4)

Pour faire admettre une conclusion à notre adversaire, on pourra faire en sorte de poser des questions auxquelles il répondra forcément « oui » pour qu’il e sente obligé de répondre « oui » à la dernière.

Exemple : Es-tu prêt à arrêter de manger de la viande (Oui/Non ?)

Mais : Es-tu pour la déforestation ? (Non) Es-tu pour la pollution de l’air (transport) et des sols (déjections, pesticides) ? (Non) Es-tu favorable aux conditions de vie horribles ? (Non) Es-tu pour la souffrance inutile ? (Non) Bon ben alors, tu es prêt à arrêter de manger de la viande (…)

La généralisation abusive (n°11)

Faire en sorte de donner des faits sur lesquels l’adversaire ne peut qu’être d’accord et généraliser à partir de ces faits. L’astuce ici est que si l’adversaire est d’accord avec les faits, il peut lui sembler naturel d’être d’accord avec la généralisation.

Exemple : Macron a été élu, donc les Français ont voté Macron. En comptant les blancs, nuls et abstentions, Macron a été voté par 44 % des Français (inscrits sur les listes !) au 2nd tour. Beaucoup ont voté pour lui par défaut. Donc il est loin d’être le candidat préféré de la majorité des Français. Un sondage estime que seulement 16 % de ceux qui ont voté pour lui au 2e l’ont fait pour son programme. 16% de 44%, c’est 7 % de tous les Français (inscrits sur les listes). 7 % des inscrits ont voté Macron pour son programme.

Exemple : x²+1=2 si x=1 et aussi si x=-1. Donc x²+1=2.

Exemple : Ça fait quelques années que mon père prend de l’oscillococcinum pour ne pas tomber malade en hiver et depuis, il n’est plus tombé malade. Ce truc est vraiment efficace !

Exemple : Cette conductrice vient de me couper la priorité. Les femmes ne savent vraiment pas conduire !

Faire rejeter l’antithèse (n°13)

L’idée ici est de faire rejeter à votre adversaire l’inverse de ce que vous voulez dire en l’accentuant tellement pour qu’il ne puisse pas l’accepter.

Exemple : Si vous pensez qu’un enfant doit toujours obéir à ses parents et que votre adversaire n’est pas d’accord, vous pouvez lui demander s’il trouve normal qu’un enfant désobéisse tout le temps à ses parents.

Faire une association dégradante (n°32)

On peut écarter une assertion de l’adversaire en la plaçant dans une catégorie négative. Cela sous-entendra que tout ce qu’il dira par la suite sera dans cette catégorie.

Exemple : Tu es végétarien et non-fumeur, tu aimes Carmina Burana ? Exactement comme Hitler ! (On associe de suite l’adversaire à Hitler, juste à cause de quelques idées en commun.)

Exemple : Comment te faire confiance ? Tu suis Jacques Grimault sur les réseaux sociaux ! (Il a été montré maintes fois que Jacques Grimault est un dangereux désinformateur, qui s’apparente à un gourou, mais le fait de le suivre sur facebook ou autres ne veut rien dire. On peut le suivre par curiosité, ou pour rigoler.)

Note : Il est d’ailleurs très saint de suivre des gens qui ne pensent pas comme nous, ou de lire des journaux de l’autre bord, pour avoir une plus ample ouverture d’esprit et comprendre les arguments des autres, plutôt que s’enfermer à suivre et lire seulement des choses qui vont dans notre sens. Cela nous conforte et nous fait croire qu’on a raison mais on se ferme complètement aux idées des autres, pensant qu’elles sont toutes idiotes/dangereuses/etc. Donc : Si votre adversaire lit lu Mein Kampf et suit le FN sur twitter ne vous permet pas de tirer la moindre conclusion.

Réfuter un argument pour réfuter le point (n°37)

Revenir sur un point précis évoqué par l’adversaire qui est faux ou maladroit et en déduire que tout ce qu’il dit est faux ou maladroit.

Exemple : Si un jour de forte chaleur, quelqu’un dit que c’est bien la preuve que le réchauffement climatique est bien réel, vous pouvez lui dire qu’une journée chaude ne prouve rien et que la météo et le climat sont deux choses bien différentes, donc que le réchauffement climatique n’est pas réel. Vous pouvez même lui dire qu’il fait une généralisation abusive (stratagème n°11), ce qui vous rendra plus crédible. Le changement climatique EST bien réel, mais effectivement l’argument avancé pour le prouver n’était pas valide.

Exemple en maths : « L’angle est droit : je l’ai vérifié à l’équerre !» Réponse possible : « Vérifier à l’équerre ne prouve rien, donc ton angle n’est pas droit ». En effet, vérifier à l’équerre ne prouve rien mais l’angle est quand même peut-être droit.

Le raisonnement panglossien

Raisonner à l’envers. On prend un fait et on en déduit une cause (pas forcément vraie).

Exemple : au Loto : 100 % des gagnant ont joué. On part de la conclusion : gagner au loto et on sous-entend que pour gagner, il suffit de jouer. Ce qui est faux. Pour gagner, il FAUT jouer, mais ce n’est pas suffisant, il FAUT aussi avoir beaucoup de chance (ou malchance car gagner au loto ne rend pas plus heureux). (Quoique, ça se discute aussi puisqu’il est très fortement probable que quelqu’un gagnera. Mais qui ? Il y aura un gagnant (ce n’est pas de la chance) mais si ça tombe sur nous, on parle de chance, ou pire, on trouve des raisons qui explique notre victoire (je le sentais, je suis récompensé, etc)).

Exemple : Paul le poulpe qui a prédit les résultats des matches de la coupe d’Europe 2008 et du monde 2010 de foot à l’avance. Il avait environ une chance sur 200 d’y arriver par hasard. C’est fort ! Non. Tout dépend du nombre d’animaux à avoir tenté. Si 200 animaux essaient, il n’est absolument pas étonnant qu’un y arrive.

Exemple : Les guérisons inexpliquées à Lourdes. Quand il y en a une, c’est un miracle de Dieu. Pourtant, il n’y a proportionnellement pas plus de guérisons à Lourdes qu’ailleurs. On retient plus celle à Lourdes à cause du lien religieux.

Lundi 25/03 : Les arguments fallacieux.

Le but de ces séances est de repérer des arguments illogiques et fallacieux pour éviter de se faire piéger.

Nous allons détailler quelques arguments, en donnant des exemples. Les n° des stratagèmes correspondent à l’ordre donné par Arthur Schopenhauer dans son livre L’art d’avoir toujours raison.

Evidemment, il en existe plein d’autres !

L’argument de la pente glissante : si on accepte ce que nous dit notre interlocuteur, ça va dégénérer.

Ex : Si on accepte la légalisation du cannabis, il faudrait faire la même chose pour toutes les drogues.

Ex : Si nous acceptions le paquet de cigarettes neutre, on aurait bientôt la bouteille de vin neutre, et ce serait la fin de nos appellations, de nos terroirs (Sarkozy 2016).

Ex : Si on accepte le mariage homosexuel, alors il faudra aussi accepter le mariage à plusieurs et ce sera la fin de l’interdiction de l’inceste. (Cardinal Philippe Babarin 2012)

Le faux dilemme : Réduire le problème à seulement deux choix.

Ex : Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes (GW Bush, 2001)

Ex : Tu veux donner 15 € pour une cause humanitaire ou t’es un gros radin égoïste ?

Ex à un petit : Tu préfères prendre ton bain avant ou après tes devoirs ? Dans les deux cas, il prendra son bain et fera ses devoirs.

Ex : Trilemme de Lewis : Lorsque Jésus prétend être Dieu, soit c’est un menteur, soit c’est un fou, soit il est vraiment Dieu.

Corrélation, causalité : Laisse entendre que si deux événements évoluent en même temps, alors c’est que l’un est la cause de l’autre.

Ex : J’ai rêvé que je guérissais mon ami dans mes rêves, mon ami a guéri, donc j’ai guéri mon ami grâce à mes rêves.

Ex : En Alsace, les villes qui ont le plus de cigognes sur les toits ont aussi le plus de bébés. Donc les cigognes apportent les bébés. Les deux facteurs dépendant en fait de la taille de la ville.

Ex : On voit que les voitures japonaises vendues aux USA sont corrélées avec les suicides dans des véhicules à moteurs.

Ex : Machin était moins concentré en classe DONC ses résultats ont baissé.

http://tylervigen.com/spurious-correlations

L’homme de paille (n°24 et ressemble aux n°1, 2 et 3) : Présenter ce que dit l’autre de façon erronée, puis se moquer de la caricature qu’on vient d’en faire.

Ex : Avec les verts, l’écologie, c’est le retour à l’âge de pierre.

Ex : Les créationnistes qui disent que la théorie de l’évolution dit que les animaux sont apparus comme ça, par hasard.

L’argument du vrai écossais : Affirmer une généralisation qui a été réfutée en niant le contre-exemple.

Ex : – Tous les écossais sont roux. – Non, là, il y en a un qui n’est pas roux. – Alors ce n’est pas un vrai écossais.

Argument utilisé pour décrédibiliser les anciens adeptes. Si la personne est partie du groupe, ce n’est pas parce qu’elle a été déçue du groupe. C’est parce qu’en fait, elle n’a jamais été un « vrai » membre du groupe.

Ex : Il est devenu athée ? C’est parce qu’il n’a jamais été un vrai croyant.

L’appel à l’ignorance : Prétendre qu’un chose est vraie/fausse juste parce qu’on n’a pas démontré qu’elle était fausse/vraie.

Exemple : Personne n’a démontré que les extraterrestres n’existent pas, donc ils existent.

L’appel à l’autorité : Laisse entendre qu’une chose est vrai parce qu’une personne célèbre l’affirme aussi.

Valide si la personne est un expert sur le sujet et qu’elle est capable de détailler la démarche et les preuves qui l’ont amenée à dire ça. Si une personne est experte dans un domaine, ça n’en fait pas un expert dans un autre domaine.

Ex : Engager des célébrités pour vendre un produit.

Lundi 18/03 : Sur-interprétation et faux souvenirs

Les élèves devaient trouver les explications rationnelles pour des photos d' »aliens ».

On a tellement envie de voir un alien, parce que ça ferait une explication toute trouvée, mais le rasoir d’Ockham nous permet d’être plus prudents. En effet, le GEIPAN (Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés), organisme spécialisé dans la recherche d’extraterrestre n’en a jamais trouvé aucun ! Il est donc irresponsable de supposer que la moindre tache dans le ciel est un vaisseau alien et plus prudent de chercher une autre explication.

Les faux souvenirs

Exemples d’expériences.

  • On a montré un crash de voitures à des gens. Ensuite, on leur a demandé d’estimer la vitesse des voitures lorsqu’elles se sont heurtées, accrochées, tamponnées, écrasées… Plus le mot employé était « violent », plus la vitesse estimée était grande. Une semaine plus tard, on leur a demandé s’il y avait des bris de verre par terre après l’accident. Plus les gens avaient un mot violent, plus ils se rappelaient avoir vu du verre, alors qu’il n’y en avait pas sur la vidéo. Donc le fait de poser différemment des questions peut modifier le souvenir de gens !
  • Le fait de modifier le souvenir en fonction de comment la question est posée pose de vrais problèmes dans les affaires criminelles. D’ailleurs, on a plus tendance à identifier un suspect comme coupable si on l’a vu menotté auparavant.
  • On a raconté à des gens des histoires sur leurs enfances. L’une était vraie, et l’autre était inventée. Pour l’histoire inventée, on y a ajouté des détails réels (noms de personnes, de lieux, dates, etc). Ensuite, on a demandé aux personnes d’essayer de se rappeler le maximum de détails à propos de ces histoires. Les personnes revenaient une semaine plus tard et, pour 70% d’entre elles, arrivaient avec des détails, dont ils étaient sûrs de se rappeler (le policier avait une moustache, par exemple) alors que l’histoire n’a pas eu lieu !
  • A 1984 à LA quelqu’un a tiré dans une cour d’école faisant 2 morts et environ 15 blessés. Dès le lendemain, les enfants de l’école se sont souvenus avec vu le gars dans la cour, alors qu’il n’y a pas mis les pieds ! Pire : même des élèves qui étaient absents ce jour-là ont dit, quelques semaines plus tard, se souvenir de la fusillade.
  • Aux USA, parmi les gens qui ont été condamnés puis ensuite innocentés par des test ADN, 1/3 avaient avoué leurs crimes (certes il faut compter aussi les cas où les aveux ont été extorqués et ceux où le condamné a été obligé d’avouer pour avoir une réduction de peine).

Création de souvenirs

Expérience : On a mis une souris de laboratoire dans une boîte bleue, et on a balancé un petit champ électrique. La souris a donc au mauvais souvenir de la boîte bleue.

Le lendemain, quand on remet la souris dans la même boîte, elle se fige de peur et on voit ses neurones très actifs dans la zone de l’hippocampe (zone gérant la mémoire et les émotions). Le souvenir de la boîte vient de ressurgir.

Ensuite, si on met une souris dans une autre boîte et qu’on réactive le souvenir de la boîte bleue (précisions dans la vidéo), elle se fige également.

Expérience : On met une souris dans une boîte bleue. Le lendemain, on la met dans une boîte rouge, on active le souvenir de la boîte bleue et on balance un champ électrique. Si ensuite on la remet dans la boîte bleue, elle se fige. Elle se rappelle avoir été choquée dans la boite bleue alors que ça n’a jamais eu lieu.

VIDEOS :

Defakator, extra-terrestres    https://www.youtube.com/watch?v=XYKs5HxhHRQ&t=1392s

e-penser, les faux souvenirs   https://www.youtube.com/watch?v=6G5SiVJnJM4

Lundi 11/03 : Nocebo (fin) / Principes scientifiques / Surinterprétation

Exemple avec les ondes électromagnétiques

Note : Pour expliquer rapidement : les ondes électromagnétiques ont des longueurs d’onde qui peuvent aller de 0,000000000001 m au km. Plus la longueur d’onde est petite, plus l’onde est énergétique et peut potentiellement causer des cancers en sortant des électrons de leurs orbites. Les premières ondes dangereuses sont les UV, puis les rayons X et les rayons gamma. La lumière visible est composée d’ondes électromagnétiques et les couleurs que nous voyons correspondent à des longueurs d’onde différentes. Puis les IR sont moins énergétiques, puis les micro-ondes et les ondes radio. Donc, la lumière visible fait plus de « mal » que les ondes de téléphones, du wifi ou de la radio !

La sensibilité électromagnétique serait une maladie dans laquelle une personne déclare souffrir de symptômes qui selon elle sont causés et aggravés par des champs ou des ondes électromagnétiques.

Les électrosensibles se plaignent de maux de tête, de fatigue, de troubles de la vision et de douleurs cardiaques et accusent les ondes des fours à micro-ondes, antennes relais, WIFI, téléphones portables. Des associations de se sont même créées.

Selon l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), aucune des études menées jusqu’à présent ne permet de relier les symptômes décris par les « malades » à l’exposition aux champs magnétiques.

En 2009 plusieurs habitants d’un quartier ont porté plainte contre Orange pour demander le démontage d’antennes relais, responsables selon eux de troubles du sommeil et de saignements de nez. Sauf que les antennes en question n’avaient toujours pas été activées au moment de la plainte.

Le nouveau compteur électrique Linky est également pointé de doigt. En cause, les ondes électromagnétiques dégagées par Linky qui seraient dangereuses pour la santé, un risque scandé aujourd’hui par de nombreuses associations. Or, le compteur respecte toutes les normes en vigueur et Linky n’émet pas plus d’ondes qu’une télévision en veille ou qu’un grille-pain.

Il y a une ville où le wifi est interdit (pour ne pas perturber les télescopes) et 40 personnes (en 2015) s’y sont rendues pour ne pas être entourées d’ondes.

Le pouvoir du cerveau sur nos sensations. Exemples avec l’alcool.

Dans une autre expérience, on a divisé des gens en quatre groupes à qui on a proposé des boissons.

Groupe 1 : On leur a dit que les boissons étaient alcoolisées et elles l’étaient.

Groupe 2 : On leur a dit que les boissons étaient alcoolisées mais elles ne l’étaient pas.

Groupe 3 : On leur a dit que les boissons n’étaient pas alcoolisées mais elles l’étaient.

Groupe 4 : On leur a dit que les boissons n’étaient pas alcoolisées et elles ne l’étaient pas.

Les gens devaient ensuite écrire un petit discours et passer de lire devant un public.

Voici les notes moyennes qu’ils se sont attribuées. Est-ce que le fait d’avoir bu de l’alcool nous rend meilleur orateur ? Non car ils ont aussi demandé au public de noter les prestations et il n’y a pas eu de différence entre les notes.

L’histoire du chien de Pavlov

Dans les années 1890, Pavlov a fait une expérience. Pendant plusieurs repas, il faisait sonner une clochette avant de nourrir son chien. Après plusieurs semaines, le chien se mettait à saliver rien qu’au son de la clochette. L’anticipation de la viande était suffisante pour activer cette réaction. Le chien était conditionné. L’effet placebo est similaire.

Attention à ce que le cerveau peut nous faire sentir, voir, entendre, etc.

Principes scientifiques

En absence de preuves ou de résultats significatifs, on privilégiera l’hypothèse la plus probable, qu’on appelle « hypothèse nulle ». Ici, ce serait que la personne n’a pas de don. C’est le rasoir d’Ockham : Quand on ne sait pas, toujours retenir l’hypothèse la plus plausible, la moins farfelue.

On appelle ça le principe de parcimonie : expliquer un phénomène avec le minimum de causes.

Exemple : Si un élève n’est pas là demain, je vais plutôt penser soit que le bus a du retard (si on est la première heure de cours et qu’il y a d’autres absents), soit qu’il est simplement malade. Je ne vais pas imaginer qu’il a déménagé au Chili, ou qu’il s’est fait enlever par les aliens.

Etudier qu’une chose à la fois. Plus on étudie de phénomènes en parallèle, plus on a de chances de trouver un résultat au-delà du seuil pour l’un d’entre eux.

Exemple : On teste la voyante sur plusieurs critères : savoir s’il y a de l’eau dans un verre, trouver la couleur d’une carte tirée, prédire le résultat d’un lancer de dé (pair ou impair), de pièce, savoir si un tableau est de
face ou de dos, savoir si une lampe est éteinte ou allumée…

Plus on teste de critères, plus on a de chances que l’un d’entre eux soit au-dessus du seuil et que la voyante se dise « mon don, c’est les cartes ! » alors que c’est normal de trouver un résultat significatif pour un des critères.

Pour être valable, une expérience scientifique, doit être précisément décrite pour qu’elle puisse être reproduite. Une expérience qui ne peut pas être reproduite n’est pas scientifique et il est donc difficile de lui accorder du crédit. Quelqu’un qui assure ressentir de l’énergie dans les crop circles, c’est une expérience personnelle qu’on ne peut pas reproduire, donc on peut l’ignorer. Un témoignage n’est pas une preuve.

Une hypothèse qui ne peut pas être testée n’est pas valable. Exemple : l’hypothèse du dernierjeudisme. Ça ne veut pas dire qu’elle est forcément fausse. Mais, comme on ne peut pas la tester, il n’y a pas de raison de la considérer sérieusement.

Ce qui est annoncé sans preuve, peut être rejeté directement. Exemple : Chez moi j’ai un chien qui parle.
Des résultats extraordinaires nécessitent des preuves plus qu’ordinaires (il faudra un seuil plus élevé).

Quelques mots à propos de la surinterprétation

Pourquoi notre cerveau a tendance à surinterpréter les phénomènes naturels, à voir des choses là où il n’y a rien ou là où c’est normal d’en avoir, juste par hasard ?

On peut supposer que c’est un avantage évolutif : il vaut mieux voir un danger là où il n’y a rien et fuir pour rien que ne pas voir un danger, ne pas fuir et se faire tuer. Donc on peut imaginer que ceux qui repéraient plus les phénomènes naturels (présents ou non) ont survécu et ont donc passé ce trait de caractère à leur descendance.

Maintenant, il faut faire attention car ça nous fait tomber dans des pièges : nous fait croire en de fausses hypothèses (aliens, visages de Mars, …). On a tendance à s’emballer alors que souvent l’explication est toute bête.

Pour le visage de Mars, on voit un visage car notre cerveau est extrêmement efficace pour reconnaître un visage. Notre espèce est très sociale et reconnaître et savoir lire un visage est à la base de nos interactions. C’est d’ailleurs sûrement pour ça qu’on a inventé les smileys : car ça nous manquait de ne pas voir l’expression de la personne à qui on parle. Du coup, notre cerveau reconnaît des visages même quand il n’y en a pas. Ce phénomène est un cas de paréidolie. + Exemples de paréidolie sur Ecosia Images.

Téléphones et cancer ?          https://www.youtube.com/watch?v=ju2kcMzALkc

Impact des ondes sur le corps ? https://www.youtube.com/watch?v=MIq16OeLL_E

Ville sans wifi              https://www.theguardian.com/technology/2015/jun/21/the-town-that-banned-wi-fi

Orange et Linky          http://www.lasantepublique.fr/effet-nocebo-quand-le-mental-rend-malade/

Scienceétonnante (alcool)     https://www.youtube.com/watch?v=YhEFWFs6BJs&t=582s

Pavolv             https://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Pavlov

Lundi 04/03 : Homéopathie (suite et fin), effets placebo et nocebo

Compléments sur l’effet placebo

L’effet placebo est réel et extrêmement puissant. On l’a même remarqué chez des animaux, qui se sentaient mieux si leur maître croyait au médicament.

Exemple : Des patients qui avaient besoin d’une opération au genou ont été partagés en trois groupes. Ceux du premier groupe ont subi la vraie opération, ceux du deuxième ont subi une opération qui consistait à enlever seulement ce qui causait la douleur et le troisième a subi une opération qui ne consistait à rien faire du tout. Tout le monde a ensuite subi une rééducation et les taux de guérison sont comparables !

Exemple : Pendant la guerre un médecin injectait de la morphine aux soldats pour calmer leur douleur. Mais les blessés continuaient à arriver et la morphine diminuait. Le docteur a alors injecté une solution neutre et 40% des blessés qui ont reçu la solution sans morphine ont affirmé que leur douleur aussi avait diminué.

Exemple : Dans une expérience, on a fait subir une série d’électrochocs à des cobayes en leur donnant des pilules censées calmer la douleur. Dans un groupe, la pilule coûtait 1,70 € et 85 % des personnes ressentaient moins de douleurs. Dans l’autre groupe, la même pilule coûtait 0,07 € et 60 % des personnes ressentaient moins de douleurs.

Aucun profil type pour lequel l’effet placebo fonctionnerait mieux ou moins bien n’a été mis en évidence. Peu importent votre âge, votre sexe, votre niveau d’études, votre situation familiale, votre environnement… On est tous égaux face à l’effet placebo. L’effet placebo est efficace contre la douleur sous toutes ses formes, la toux, la dépression, la maladie de Parkinson, l’hypertension. On peut même faire des crises de dépendance au placebo.

Question : Est-ce que l’effet placebo fonctionne quand on sait que c’est un placebo ? Réponse : Oui (si le fonctionnement de l’effet a été expliqué au patient).

Ils ont fait des tests en double aveugle, avec des gens qui ne savaient pas qu’on leur donnait du placebo et des gens qui savaient. Et les taux de guérison sont comparables et sont nettement supérieurs à ceux de personnes qui n’auraient rien fait.

L’effet placebo est très étudié mais très incompris : comment fait le corps pour sécréter telle ou telle hormone ? Pourquoi chez certains patients l’effet s’arrête subitement (et ce n’est pas parce qu’ils savent ou pas que c’est un placebo) ?

Conclusion sur l’homéopathie : Avant de parler de la mémoire de l’eau (ce qui n’a aucun sens car sinon l’eau des toilettes serait imbuvable, même après traitement) ou d’essayer de trouver d’autres façons d’expliquer les effets de l’homéopathie, il faut d’abord vérifier si l’homéopathie a des effets. D’après sa composition et les expériences, il n’est pas raisonnable de penser que l’homéopathie a des effets autres que l’effet placebo. Donc inutile d’essayer d’expliquer pourquoi il y a des effets quand on n’en a jamais remarqué.

Un effet similaire au Placebo : L’effet nocebo (en latin : je te nuirai).

Exemple : Dans certains cas, l’effet nocebo peut conduire à la mort. Un Américain a été diagnostiqué avec un cancer du foie en phase terminale. Les docteurs lui ont dit qu’il ne lui restait plus que quelques mois à vivre.

Il est mort quelques semaines plus tard. Quand son corps a été examiné, grande surprise : la tumeur, d’un diamètre de 3 cm, était restée assez petite, ne s’était infiltrée dans aucun autre organe et n’avait pas formé de métastases, comme l’autopsie l’a montré. L’homme n’est pas mort d’un cancer mais parce qu’il croyait qu’il était en train de mourir d’un cancer.

Exemple : 50 mg d’aténolol bêta-bloquant ont été administrés à des patients atteints de coronaropathie et seule une fraction des participants était au courant du fait que l’un des effets indésirables pouvait être une dysfonction sexuelle. Dans le groupe qui ne connaissait rien des effets secondaires, seuls 3% des patients avaient des difficultés au lit. En revanche, le groupe qui connaissait tous les effets secondaires, y compris les troubles sexuels possibles, a montré une perte de libido de 31%.

Exemple : 23 étudiants sur 34 ont développé un mal de tête quand on leur a dit qu’un courant électrique (qui n’a jamais existé) passant dans leur tête pouvait en provoquer.

Exemple : Aussi longtemps que les habitants de Hong Kong n’étaient pas au courant de l’existence de l’anorexie en Occident, ce trouble ne se manifestait pas parmi eux, mais une fois que la notion a atteint la presse et la conscience du public dans les années 1990, le phénomène a explosé.

Exemple : Dans une étude, des cobayes asthmatiques ont respiré des vapeurs qu’ils croyaient irritantes et ont développé des problèmes respiratoires dont certains de graves crises. Ensuite, ils ont respiré des vapeurs qu’ils croyaient apaisantes et ont de nouveau respiré normalement rapidement. Les deux vapeurs étaient en fait neutres.

Exemple : Dans une étude au Japon, on a sélectionné 13 personnes qui disaient avoir une forte réaction au sumac vénéneux. On leur a ensuite bandé les yeux et on leur a frotté cette plante contre un bras en leur disant que c’était une plante inoffensive, puis on a frotté l’autre bras avec une plante inoffensive en leur disant que c’était du sumac vénéneux. Après plusieurs minutes, le bras qui avait été en contact avec la plante inoffensive a montré une réaction alors que dans 11 cas, le bras en contact avec le sumac vénéneux n’en a pas montré.

SOURCES :

Placebo prix pilule      https://www.courrierinternational.com/article/2009/07/16/attention-se-croire-malade-peut-rendre-malade

Pourquoi pas ? (placebo, nocebo)     https://www.youtube.com/watch?v=eVNv_UiySOc&t=15s

Operation genou        https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa013259

Slate (tumeur)            http://www.slate.fr/lien/67637/effet-nocebo-effets-secondaires

Spiegel (libido)            http://www.spiegel.de/gesundheit/psychologie/nocebo-falsche-arzt-sprueche-koennen-krank-machen-a-847838.html

Nocebo plusieurs études        http://skepdic.com/nocebo.html

France culture (placebo)        https://www.youtube.com/watch?v=HgjKnDdKEOQ&list=WL&index=4&t=0s

Nocebo (notes)           https://www.nytimes.com/1998/10/13/science/placebos-prove-so-powerful-even-experts-are-surprised-new-studies-explore-brain.html?pagewanted=all