Lundi 01/04 : Les arguments fallacieux (suite)

L’appel à la popularité : Laisse entendre que quelque chose est vraie parce que plein de gens y croient.

Ex : Des centaines de personnes disent avoir vu des aliens, donc il doit bien y en avoir quelques-unes qui ont raison, donc les aliens existent et sont déjà venus sur terre !

Ex : Si autant de monde utilisent l’homéopathie, c’est bien que ça marche !

Ex : On se lève tous pour Danette.

Ex : Dans les pubs quand ils disent que beaucoup de personnes utilisent le produit. Et si ces personnes-là se sont fait avoir par le même argument ?

A une époque, beaucoup de gens pensaient que la terre était le centre de l’univers.

L’appel à l’exotisme : Laisse entendre que l’argument est bon parce qu’il vient d’une tribu reculée.

Ex : Boire un verre d’urine tous les matins lutte contre la chute des cheveux. En plus c’est naturel !

Ex : Il est plus impressionnant de voir un fakir marcher dans des cendres qu’un occidental. Pourtant, tout le monde peut le faire.

L’appel à la nature : Laisse entendre que quelque chose est bon quand c’est naturel.

Ex : L’homéopathie joue là-dessus.

De plus la distinction naturel/chimique n’a pas vraiment de sens, mais même si elle en avait, l’argument resterait invalide.

Ex : Le fluor des dentifrices est chimique (car il n’y en a pas dans la nature), donc c’est nocif.

Tous les produits sont chimiques car ils contiennent des atomes. De plus, ils appartiennent tous à la nature, à la réalité.

L’appel à tradition : Laisse entendre que quelque chose est vraie quand ça vient de savoir-faire ancien.

Ex : La saignée en médecine, l’amiante dans les isolations.

Ex : Dans la pub : Depuis 1776.

Chiffon rouge (n°29)

Parler d’autre chose en faisant comme si ce dont on parle est relié à la question et qu’il s’agit d’un contre argument.

Quand notre adversaire agite le chiffon on peut le pousser à bout (n°27) (Continuer à utiliser un argument qui met en colère notre adversaire) voire provoquer sa colère (n°8)

L’inversion de la charge de la preuve

Ex : Les aliens existent. Il y a même des tas de témoignages et plein de photos inexpliquées. Tu peux prouver qu’ils n’existent pas ? Non ? Ben j’ai raison !

C’est à celui annonce un fait de le prouver, pas l’inverse.

Proverbe zététique : Qui dit prouve.

Cacher son jeu (n°4)

Pour faire admettre une conclusion à notre adversaire, on pourra faire en sorte de poser des questions auxquelles il répondra forcément « oui » pour qu’il e sente obligé de répondre « oui » à la dernière.

Exemple : Es-tu prêt à arrêter de manger de la viande (Oui/Non ?)

Mais : Es-tu pour la déforestation ? (Non) Es-tu pour la pollution de l’air (transport) et des sols (déjections, pesticides) ? (Non) Es-tu favorable aux conditions de vie horribles ? (Non) Es-tu pour la souffrance inutile ? (Non) Bon ben alors, tu es prêt à arrêter de manger de la viande (…)

La généralisation abusive (n°11)

Faire en sorte de donner des faits sur lesquels l’adversaire ne peut qu’être d’accord et généraliser à partir de ces faits. L’astuce ici est que si l’adversaire est d’accord avec les faits, il peut lui sembler naturel d’être d’accord avec la généralisation.

Exemple : Macron a été élu, donc les Français ont voté Macron. En comptant les blancs, nuls et abstentions, Macron a été voté par 44 % des Français (inscrits sur les listes !) au 2nd tour. Beaucoup ont voté pour lui par défaut. Donc il est loin d’être le candidat préféré de la majorité des Français. Un sondage estime que seulement 16 % de ceux qui ont voté pour lui au 2e l’ont fait pour son programme. 16% de 44%, c’est 7 % de tous les Français (inscrits sur les listes). 7 % des inscrits ont voté Macron pour son programme.

Exemple : x²+1=2 si x=1 et aussi si x=-1. Donc x²+1=2.

Exemple : Ça fait quelques années que mon père prend de l’oscillococcinum pour ne pas tomber malade en hiver et depuis, il n’est plus tombé malade. Ce truc est vraiment efficace !

Exemple : Cette conductrice vient de me couper la priorité. Les femmes ne savent vraiment pas conduire !

Faire rejeter l’antithèse (n°13)

L’idée ici est de faire rejeter à votre adversaire l’inverse de ce que vous voulez dire en l’accentuant tellement pour qu’il ne puisse pas l’accepter.

Exemple : Si vous pensez qu’un enfant doit toujours obéir à ses parents et que votre adversaire n’est pas d’accord, vous pouvez lui demander s’il trouve normal qu’un enfant désobéisse tout le temps à ses parents.

Faire une association dégradante (n°32)

On peut écarter une assertion de l’adversaire en la plaçant dans une catégorie négative. Cela sous-entendra que tout ce qu’il dira par la suite sera dans cette catégorie.

Exemple : Tu es végétarien et non-fumeur, tu aimes Carmina Burana ? Exactement comme Hitler ! (On associe de suite l’adversaire à Hitler, juste à cause de quelques idées en commun.)

Exemple : Comment te faire confiance ? Tu suis Jacques Grimault sur les réseaux sociaux ! (Il a été montré maintes fois que Jacques Grimault est un dangereux désinformateur, qui s’apparente à un gourou, mais le fait de le suivre sur facebook ou autres ne veut rien dire. On peut le suivre par curiosité, ou pour rigoler.)

Note : Il est d’ailleurs très saint de suivre des gens qui ne pensent pas comme nous, ou de lire des journaux de l’autre bord, pour avoir une plus ample ouverture d’esprit et comprendre les arguments des autres, plutôt que s’enfermer à suivre et lire seulement des choses qui vont dans notre sens. Cela nous conforte et nous fait croire qu’on a raison mais on se ferme complètement aux idées des autres, pensant qu’elles sont toutes idiotes/dangereuses/etc. Donc : Si votre adversaire lit lu Mein Kampf et suit le FN sur twitter ne vous permet pas de tirer la moindre conclusion.

Réfuter un argument pour réfuter le point (n°37)

Revenir sur un point précis évoqué par l’adversaire qui est faux ou maladroit et en déduire que tout ce qu’il dit est faux ou maladroit.

Exemple : Si un jour de forte chaleur, quelqu’un dit que c’est bien la preuve que le réchauffement climatique est bien réel, vous pouvez lui dire qu’une journée chaude ne prouve rien et que la météo et le climat sont deux choses bien différentes, donc que le réchauffement climatique n’est pas réel. Vous pouvez même lui dire qu’il fait une généralisation abusive (stratagème n°11), ce qui vous rendra plus crédible. Le changement climatique EST bien réel, mais effectivement l’argument avancé pour le prouver n’était pas valide.

Exemple en maths : « L’angle est droit : je l’ai vérifié à l’équerre !» Réponse possible : « Vérifier à l’équerre ne prouve rien, donc ton angle n’est pas droit ». En effet, vérifier à l’équerre ne prouve rien mais l’angle est quand même peut-être droit.

Le raisonnement panglossien

Raisonner à l’envers. On prend un fait et on en déduit une cause (pas forcément vraie).

Exemple : au Loto : 100 % des gagnant ont joué. On part de la conclusion : gagner au loto et on sous-entend que pour gagner, il suffit de jouer. Ce qui est faux. Pour gagner, il FAUT jouer, mais ce n’est pas suffisant, il FAUT aussi avoir beaucoup de chance (ou malchance car gagner au loto ne rend pas plus heureux). (Quoique, ça se discute aussi puisqu’il est très fortement probable que quelqu’un gagnera. Mais qui ? Il y aura un gagnant (ce n’est pas de la chance) mais si ça tombe sur nous, on parle de chance, ou pire, on trouve des raisons qui explique notre victoire (je le sentais, je suis récompensé, etc)).

Exemple : Paul le poulpe qui a prédit les résultats des matches de la coupe d’Europe 2008 et du monde 2010 de foot à l’avance. Il avait environ une chance sur 200 d’y arriver par hasard. C’est fort ! Non. Tout dépend du nombre d’animaux à avoir tenté. Si 200 animaux essaient, il n’est absolument pas étonnant qu’un y arrive.

Exemple : Les guérisons inexpliquées à Lourdes. Quand il y en a une, c’est un miracle de Dieu. Pourtant, il n’y a proportionnellement pas plus de guérisons à Lourdes qu’ailleurs. On retient plus celle à Lourdes à cause du lien religieux.